mardi 10 juillet 2012

Chapitre II

La garçonnière était située non loin de la place de la Madeleine. Je n'aime pas ce quartier. Trop Fauchon, trop VIIIème. Les poules de luxes, les Call-girls comme elles aiment que les appelle, y établissent leur quartier à partir de vingt-deux heures.
Faut voir les sacrés morceaux qui racolent ici. Si vous voyez une Porsche ou une Audi TT avec une longue paire de jambes fuselées qui dépassent, c'est qu'elles appartiennent à une pute. Ou alors que je traine dans le quartier. Vous n'avez de toute façon pas les moyens de vous payez cette paire de jambes; si c'était le cas vous seriez déjà en train de vous faire purger par une bouche à l'accent Ukrainien au lieu de lire ces conneries.

Pour l’heure, il n’est que midi. L’heure pour Mickael Bloomstein de recevoir la visite de Mia. Mia est une jeune pute de dix-neuf ans. Elle est arrivée de sa Provence natale il y a deux ans, persuadée de faire carrière comme top-modèle. Voir comme actrice. Finalement, à part deux pornos de secondes zones, genre pompage de queues à la chaine et gavage au sperme style fabrication foie gras, elle n’a rien fait. Pour ses parents elle est modèle lingerie. Pour moi, c’est une pauvre fille qui maintenant fait des passes SM pour de riches oisifs. Apparemment elle dérouille sévère avec Bloomstein.

Ca ne m’étonne pas, ce mec est une ordure. Il était le sujet de ma dernière mission. Je n’ai même pas eu besoin de le rencontrer. Je l’ai suivi dans deux ou trois soirées échangistes, juste le temps de prendre les photos qui lui ont fait comprendre qu’il ne fallait pas s’opposer au rachat de sa boite par mes commanditaires. Il avait fondé une boite de courtage en ligne qui valait maintenant plusieurs dizaines de millions. Cela intéressait mes clients, qui désiraient s’offrir une vitrine internet performante, et qui voyaient dans ce nouvel arrivé sur le marché un concurrent sérieux pour l’avenir. Evidemment, il avait refusé, son plan projet laissait entrevoir une croissance exponentielle de ses bénéfices dans les dix ans. Il avait fini par accepter. Ils acceptent tous. J’avais fourni des arguments de poids, et un divorce lui aurait couté plus cher que la session totale de ses parts. Il était devenu riche, à défaut d’être milliardaire.

Mais j’avais découvert bien plus grave qu’une ou deux partie de jambes en l’air aux Chandelles. J’avais vite compris que le monsieur aimait les top-modèles surtout quand elles avaient aux alentours de quinze ans. Si elles avaient un peu moins, c’était encore mieux. D’habitude je ne mêle pas affaires et vie privée.
La cible est un patron voyou ? Rien à foutre.
C’est un mec qui place sa mère dans un hospice pour prendre le contrôle de la holding familiale ? Pas mon problème.
Monsieur aime défoncer le cul de ses petits copains en se bourrant le pif de farine ? Grand bien lui fasse.
Mais lui, il dépassait mes limites. Et pourtant, je suis tolérante sur beaucoup de points.

Je retiens Mia par le bras au moment ou elle rentre dans l’hôtel particulier. Elle se débat mollement, elle a l’air camée jusqu'au trognon. Elle me détaille de ses beaux yeux verts. Dans mon accoutrement, je lui ressemble étrangement. J’ai pourtant dix ans de plus qu’elle. La même perruque rose, un carré court, le même shorty doré, le même top-débardeur, la même petite salope. Une poupée manga. Un fantasme pour vieux dégueulasses.
Je lui explique que son rendez-vous est annulé, ce qui la rend très triste. Je lui paye le montant de la passe, deux mille euros. Une broutille pour Bloomstein, une semaine au paradis pour Mia. Elle retrouve le sourire. Elle me plait. Beaucoup. Je la colle contre le mur, et colle mes lèvres sur les siennes. Ma langue force le passage, et se mélange à sa langue. Je prends ses fesses à pleines mains et glisse ma jambe contre son pubis. Je sens qu’elle en a autant envie que moi. Je retire ma cuisse et passe la main sous son shorty. Son string est trempé. Je fouille un peu sa chatte, et je lèche mes doigts en lui souriant.

- Rentre chez toi et attend moi ! Et Garde ça bien au chaud. Je claque son petit cul et la renvoie chez elle.
- Je ne sais pas pourquoi tu fais ça, mais fait gaffe, ce mec est un grand malade. Il paye bien, mais c’est finalement peu cher payé.
- T'es encore là la gamine ? Rentre chez toi et soit prête pour vingt et une heure pétante. Et prépare de quoi m’accueillir. Je vais surement être très fatiguée.

Elle m’embrasse, ressort de l’immeuble et me sourit. Miam, vivement que je termine cette histoire, j’ai de quoi m’amuser toute la nuit avec cette petite chatte de gouttière.

Quatrième étage. Je sonne. Sonnerie à la con, style carillon. Bloomstein ouvre, en peignoir de soie. Ridicule et bedonnant. Il me fait entrer. Je pose mes affaires, un sac à dos Hello Kitty, sur le canapé. Bel appart, agencé en penthouse. Parquet en béton huilé, mur de briques brutes, cuisine dernier cri, noire et rouge, ouverte par un immense comptoir sur la pièce principale. J’aime ce style. Il m’offre une coupe de champagne. Je la porte à mes lèvres et la descend d’un trais, en matant le Koons accroché au mur, juste à côté du Warhol. Monsieur a de l'argent et monsieur aime le pop art. Soit. Tu restes une ordure.

- Gourmande, esclaffe-t-il. J’aime bien. Je peux savoir ce qui est arrivé à Mia ?
- Mia est patraque, je la remplace pour aujourd’hui.
- Ca me va, si tu fais tout ce qu’elle fait habituellement.
- Pas de … la tête me tourne, les mots sortent difficilement. Pas de soucis, dis-je en bredouillant.

Je suis droguée c’est sûr. Il m’a eu comme une débutante. Merde, pas moi. Il me prend par la main et m’entraine au fond de l’appartement. Je m’effondre sur le sol. Au moment où je perds connaissance, je remarque les chaines au sol, la poulie au plafond ainsi que les accessoires en latex posés sur l’établi.

- J’y crois pas à ton histoire. Mia m’aurait prévenu, elle tient à sa thune. Tu vas dérouiller, et ensuite tu me diras qui tu es.

Je reçois un violent coup de pied dans le ventre. A mon tour de déguster apparemment.

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